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AG55 - Penser la résurrection en Islam : le devenir de l’homme au-delà de la mort

Date : 2022-09-23 | 08:45:00-10:45:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
ISAMM
Salle :
C8
Responsable : Gregory Vandamme
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Terrier Mathieu CNRS/PSL
Vandamme Gregory UCLouvain, Belgique
Bonmariage Cécile FRS-FNRS (Belgique)
Gillon Fârès The Institute of Ismaili Studies

AG55 - Penser la résurrection en Islam : le devenir de l’homme au-delà de la mort FR

Salle: C8

Responsable: Gregory Vandamme, FNRS/UCLouvain, Belgique

  • Cécile Bonmariage, FNRS/UCLouvain, (Belgique) – ISP, Le paradis des philosophes
  • Fârès Gillon, The Institute of Ismaili Studies, Londres, (United Kingdom), Exégèses de la résurrection dans l’ismaélisme ancien : messianisme et initiation
  • Mathieu Terrier, CNRS/PSL – LEM, (France), Corps de résurrection et monde imaginal dans la pensée shi’ite imamite du XIe/XVIIe siècle
  • Gregory Vandamme, FNRS/UCLouvain, (Belgique), La résurrection dans l’interprétation coranique du soufisme classique (IXème/XIIIème siècles)

AG55 - Penser la résurrection en Islam : le devenir de l’homme au-delà de la mort FR

La question du devenir de l’homme après la mort a suscité de nombreux débats parmi les différentes traditions intellectuelles de l’Islam. La résurrection étant un article de foi de la religion musulmane, il était crucial d’en définir la réalité. Chacune des différentes écoles théologiques et philosophiques a abordé la question selon ses principes propres et le thème de la résurrection est devenu l’un des lieux où se joue l’appartenance à telle ou telle secte ou école – ce qui n'empêche pas de nombreuses porosités et hybridations entre les doctrines en présence. On s’est demandé par exemple si la survie dans l’au-delà était individuelle ou collective, de nature corporelle ou purement spirituelle, valable uniquement pour les hommes ou étendue aussi au règne animal, etc. Autant de questions ouvertes engageant les notions de nature humaine et de destinée humaine. Au-delà des discussions doctrinales, la résurrection met en jeu le statut du discours coranique, entre une approche littéraliste et une approche herméneutique. Cet atelier offrira un aperçu de la diversité des options religieuses et philosophiques, avec leurs implications théoriques et pratiques, autour de la question de la résurrection, en confrontant les approches de quatre traditions interprétatives caractéristiques : la falsafa, le soufisme, l'ismaélisme et la gnose shi’ite imâmite. Tout en mettant en lumière les spécificités doctrinales de chacune, il illustrera également la façon dont ces traditions se sont influencées et fécondées mutuellement.

Responsable: Gregory Vandamme, FNRS/UCLouvain, Belgique

  • Cécile Bonmariage, FNRS/UCLouvain, (Belgique) – ISP, Le paradis des philosophes
La façon dont la tradition philosophique dans le contexte islamique comprend le devenir de l’homme après la mort a suscité, et suscite encore aujourd’hui, de nombreuses questions d’interprétation. La manière dont est pensé l’au-delà révèle ce qu’est la nature de l’homme, et ce qu’est sa perfection, et la lecture que les interprètes passés et présents font des textes parfois ambigus laissés par les philosophes se nourrit de la conception que chacun se fait de ce que défend leur auteur. Les débats d’interprétation s’étendent également aux raisons de l’adoption de telle ou telle représentation de l’au-delà de l’homme : rapport au contexte religieux, exigences de système, rapport au contexte philosophique, etc. Nous proposons ici de livrer notre lecture de quelques figures choisies, en guise d’esquisse de ce qu’est le paradis des philosophes.

  • Fârès Gillon, The Institute of Ismaili Studies, Londres, (United Kingdom), Exégèses de la résurrection dans l’ismaélisme ancien : messianisme et initiation
Cette présentation abordera les principales approches ismaéliennes de la résurrection aux IXe -Xe siècles. Elles sont étroitement liées à deux doctrines ismaéliennes caractéristiques : le messianisme et le système initiatique. Si des auteurs comme al-Siğistānī rejetaient résolument l’idée d’une résurrection corporelle, l’identité messianique de l’ismaélisme entraînait une conception matérielle, historique, de la résurrection, identifiée au retour du Mahdī. Paradoxalement et parallèlement, cette conception matérielle donne lieu, par extension, à une interprétation initiatique et spirituelle de « l’autre vie », conçue symboliquement comme accès à la connaissance ésotérique dispensée par l’Imām par l’intermédiaire de ses représentants et nommée une « seconde création » ou une « seconde naissance ».

  • Mathieu Terrier, CNRS/PSL – LEM, (France), Corps de résurrection et monde imaginal dans la pensée shi’ite imamite du XIe/XVIIe siècle
La question de la résurrection et de son caractère corporel, soulevée par des versets équivoques du Coran, trouve une réponse tout aussi énigmatique dans les hadiths des imams shi’ites, lesquels constituent une immense exégèse du Coran et sont tenus par les shi’ites pour une parole également infaillible. Après des siècles de débats et de croisements doctrinaux, les traditions imamites sur la résurrection font elles-mêmes l’objet d’une exégèse systématique chez des penseurs shi’ites iraniens du XIe/XVIIe siècle, frottés à la philosophie autant qu’à la mystique soufie. Muḥsin Fayḍ al-Kāshānī (m. 1091/1680-1) et Quṭb al-Dīn Ashkevarī (m. entre 1088/1677 et 1095/1684), disciples respectivement des grands Mullā Ṣadrā (m. 1045/1635-6) et Mīr Dāmād (m. 1040/1631), mobilisent les notions de barzakh (interface, intermonde) et de « monde imaginal » (‘ālam al-mithāl) pour repenser la question de la résurrection corporelle en harmonisant la tradition imamite originelle, ésotérique et non-rationnelle, avec les innovations conceptuelles de la philosophie et de la mystique soufie. Ma communication présentera et analysera cette démarche exégétique moderne se réclamant d’une tradition originelle.  

  • Gregory Vandamme, FNRS/UCLouvain, (Belgique), La résurrection dans l’interprétation coranique du soufisme classique (IXème/XIIIème siècles)
Les premières synthèses doctrinales de la pensée soufie n’ont accordé qu’une place très secondaire à la question de la résurrection. Le motif se retrouve le plus souvent utilisé de façon symbolique pour évoquer la renaissance spirituelle et le chemin de transformation du disciple. On retrouve cependant des réflexions doctrinales, qui s’articulent avec les débats théologiques de leur temps, dans les œuvres fondatrices de l’exégèse coranique soufie de al-Tustarī (m. 283/896), al-Sulamī (m. 412/1084) ou encore al-Qushayrī (m. 465/1076). Des formulations doctrinales plus sophistiquées, reprenant le symbolisme initiatique et l’interprétation des versets coraniques les plus emblématiques concernant la résurrection, se sont élaborées à partir de cette littérature formative. Elles se retrouvent notamment dans les œuvres séminales de al-Ghazālī (m. 505/1111) et Ibn ʿArabī (m. 638/1240), qui auront tous deux une influence durable dans la pensée soufie des siècles suivants. Cette présentation mettra donc en lumière la façon avec laquelle le motif de la résurrection a été utilisé durant les différentes étapes d’élaboration des doctrines du soufisme classique.

Thinking Resurrection in Islam: the becoming of Man beyond death 

The question of the becoming of man after death has given rise to much debate among the various intellectual traditions of Islam. Since Resurrection is an article of faith in the Muslim religion, it was crucial to define its reality. Each of the different theological and philosophical schools has approached the question according to its own principles, and the theme of Resurrection has become one of the issues around which the membership of a particular sect or school is played out – although this did not prevent many porosities and hybridizations between the doctrines involved. One wondered, for example, whether survival in the hereafter was individual or collective, bodily or purely spiritual in nature, valid only for men or extended also to the animal kingdom, etc. So many open questions involving the notions of human nature and human destiny. Beyond doctrinal discussions, Resurrection involves a discussion of the status of Quranic discourse, between a literalist approach and a hermeneutical approach.

This workshop will offer an overview of the diversity of religious and philosophical options, with their theoretical and practical implications, around the question of Resurrection, by confronting the approaches of four characteristic interpretive traditions: falsafa, Sufism, Ismailism and Imami Shi’i gnosis. While highlighting the specific doctrinal features of each, it will also illustrate how these traditions have influenced and mutually enriched each other.

Responsable: Gregory Vandamme, FNRS/UCLouvain, Belgique

  • Cécile Bonmariage, FNRS/UCLouvain, (Belgique) – ISP, Le paradis des philosophes
A Philosophers' Paradise

The understanding of the Hereafter by philosophers in the pre-modern Islamic context has fuelled many a debate among their contemporaries and today. What is said on the bliss to come reveals how each thinker approaches human nature and how he defines what would be its perfection. How their sometimes ambiguous texts are read today reveals in turn the position of the readers and their various conceptions of what philosophers should or do say. The interpretation debates include the reasons underlying the adoption of a given view on human hereafter, often divided in two main lines: reasons having to do with the religious context or reflecting a necessity in a given philosophical system. In this presentation, I will give our take on the views of a few representative philosophers, in order to draw an esquisse of what is Paradise for philosophers in the Islamic context.

  • Fârès Gillon, The Institute of Ismaili Studies, Londres, (United Kingdom), Exégèses de la résurrection dans l’ismaélisme ancien : messianisme et initiation
Exegeses of resurrection in early Ismailism: messianism and initiation

This presentation will deal with the main Ismaili approaches to resurrection in the 9th-10th centuries. They are closely connected to two characteristic Ismaili doctrines: messianism and the initiatory system. While authors such as al-Siğistānī definitely rejected any notion of a corporeal resurrection, the messianic identity of Ismailism nevertheless entailed a material and historical conception of the resurrection, which was identified with the return of the Mahdī. As a paradox, and simultaneously, such a materialistic conception gave rise, by extension, to an initiatory and spiritual interpretation of the afterlife, symbolically understood as an access to the esoteric knowledge dispensed by the Imam through his representatives, and named a "second creation" or a "second birth".

  • Mathieu Terrier, CNRS/PSL – LEM, (France), Corps de résurrection et monde imaginal dans la pensée shi’ite imamite du XIe/XVIIe siècle
Resurrection body and imaginal world in the 11th /17th century Shi’i Imami thought

The question of resurrection and of its bodily nature, as raised by many ambiguous verses of the Qur’an, has found an equally enigmatic answer in the hadiths of the Shi’i Imams, in a corpus which constitutes an immense exegesis of the Qur’an and is held by the Shi’is to be an equally infallible speech. After centuries of discussions and doctrinal intersections, the Imami traditions dealing with resurrection became in turn the subject of systematic exegesis among Iranian thinkers of the 11th/17th century, well-versed in both philosophy and Sufi mysticism, like Muḥsin Fayḍ al-Kāshānī (d. 1091/1680-1) and Quṭb al-Dīn Ashkevarī (d. between 1088/1677 and 1095/1684), who were respectively the pupils of Mullā Ṣadrā (d. 1045/1635-6) and Mīr Dāmād (d. 1040/1631). Bringing into play the notions of barzakh (interface, interworld) and “imaginal world” (‘ālam al-mithāl), they revisit the question of bodily resurrection with the aim of harmonising the genuine Imami tradition, of esoteric and non-rational nature, with the conceptual innovations of philosophy and Sufi mysticism. My paper will present and analyse this modern exegetical approach claiming to be based on an original tradition.  

  • Gregory Vandamme, FNRS/UCLouvain, (Belgique), La résurrection dans l’interprétation coranique du soufisme classique (IXème/XIIIème siècles)
Resurrection in the Quranic Interpretations of Classical Sufism (9th-13th c.)

The first synthetical doctrinal treatises of Sufi thought did not pay much attention to the question of Resurrection. The notion is often used in those works as a symbol for the spiritual rebirth and the transformation of the disciple. We find however doctrinal reflections, that are articulated with the theological debates of their time, in the foundational works of Sufi exegesis of al-Tustarī (m. 283/896), al-Sulamī (m. 412/1084) or al-Qushayrī (m. 465/1076). More sophisticated doctrinal formulations have been elaborated later on this formative literature, as we can find in the works of al-Ghazālī (m. 505/1111) and Ibn ʿArabī (m. 638/1240), that will have a long-lasting influence on Sufi thought throughout following centuries. This presentation will therefore show how the motif of Resurrection has been used during the various stages of elaboration of the Classical Sufi doctrines.

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