AI32 - Statehood in the Middle East: From State through Semi-State to Non-State Actors

Une particularité des États du Moyen-Orient est l’existence de minorités ethnoreligieuses, l’hétérogénéité ayant souvent été considérée comme une norme plutôt qu'une exception. Des vagues de nationalisme arabe ont cherché à fondre les communautés minoritaires dans un récit national commun, mais ces développements politiques n’ont pas toujours produit les résultats attendus. La présente communication examine la structure fédérale de l’Irak telle qu’elle a été établie en 2005 pour analyser si la solution irakienne de structure fédérale répond aux préoccupations des communautés arabes sunnites, arabes chiites et kurdes. L’intervention se concentre sur deux caractéristiques uniques : la pratique du gouvernement régional kurde et le nationalisme irakien renaissant mis en avant par le leader chiite Muqtada al-Sadr.

Pendant des décennies, le système régional arabe était basé sur les principes de la souveraineté westphalienne, qui incluent la souveraineté étatique-territoriale et la non-intervention. Ces principes ont été explicitement articulés et exprimés par la Ligue des États arabes à plusieurs niveaux, y compris dans sa charte, sa structure organisationnelle et ses comportements/prises de positions réelles sur la politique arabe. Depuis lors, ces principes ont représenté les règles hégémoniques du système régional arabe. Néanmoins, avec le déclenchement des soulèvements arabes de 2011, les principes de la souveraineté westphalienne ont été sérieusement contestés par une série de défis à plusieurs niveaux. D’une part, la région a été transformée en champ de bataille pour des guerres par procuration entre plusieurs puissances mondiales et régionales concurrentes, entraînant une série d’interventions externes dans les affaires intérieures de plusieurs États arabes. D’autre part, la liste des pouvoirs interventionnistes s’est élargie pour inclure, pour la première fois, des acteurs du système régional arabe. Alors que la première série de défis n’est pas nouvelle dans une région arabe pénétrée de l’extérieur depuis des décennies, la seconde a représenté un développement nouveau et sans précédent dans la politique régionale arabe. En effet, sous l’influence de certains acteurs locaux, les normes traditionnelles de la souveraineté westphalienne ont radicalement changé. Pour la première fois, les soulèvements arabes ont vu la Ligue arabe, censée être le gardien de la souveraineté westphalienne dans la région, solliciter l'intervention militaire occidentale dans les affaires intérieures des États souverains arabes. Ces interventions ont même été réalisées avec la participation de certains États arabes. La Ligue arabe a également suspendu l’adhésion de certains de ses membres en réponse à des violations des droits de l’homme, ce qui a également représenté une pratique sans précédent de sa part. En tant que tels, les principes de changement de régime et d'intervention dans les affaires intérieures des pays arabes sont devenus des normes acceptables au sein de la Ligue. Dans ce contexte, cette communication vise à analyser les changements récents dans la perception et l’engagement de la Ligue arabe envers les principes de la souveraineté westphalienne après les soulèvements arabes de 2011. Elle cherche à étudier l'ampleur du changement, ses facteurs déterminants et ses implications pour la politique régionale arabe.

L’objectif de cette communication est d'explorer le cas syrien, où des débats ont commencé après le déclenchement de la guerre civile, sur la manière de réorganiser l’État lui-même. Le fédéralisme est souvent considéré comme une panacée dans divers pays pour pacifier les relations avec les groupes minoritaires. Au Moyen-Orient, le résultat historique du fédéralisme est pour le moins controversé, et même infructueux. Dans la région, la structure étatique centralisée autour d'un parti politique et d’une armée forte est le mode habituel de formation de l’État. Les diplomates russes, lors des pourparlers d’Astana entre 2017 et 2021, ont introduit les soi-disant “principes constitutionnels pour la Syrie”, et la question du fédéralisme a été débattue depuis. Cette intervention se concentrera plus spécifiquement sur la façon d'intégrer les minorités kurdes dans l’État syrien.

Le modèle de l’État-nation, avec une souveraineté d’État enracinée et légitimée par la nation autodéterminée, remonte à Rousseau et à la Révolution française. Cependant, dans la pratique, le modèle n’a gagné en pertinence en Europe, qu’après la Première Guerre mondiale et la Conférence de paix de Paris, qui a suivi les idées exposées par le président américain Woodrow Wilson dans son discours sur les « Quatorze points ». Bien que les frontières au Moyen-Orient aient également été mises en place dans les années qui ont suivi la conférence de Versailles, et bien que les négociateurs aient bel et bien traité des territoires ayant appartenu autrefois au défunt Empire ottoman, le modèle qu’ils leur ont appliqué était un autre, clairement en désaccord avec les orientations wilsoniennes. Cet article utilise la question kurde comme étude de cas pour mettre en lumière la « fil conducteur » global des idées de Wilson et retracer l’impact de la conférence de Versailles sur la configuration actuelle des frontières au Moyen-Orient.